Féerie de l’eau.

Les Pyrénées, nous en rêvions depuis longtemps, mais, à part quelques courtes escapades, peu d’entre nous y avaient vraiment randonné. Gilles et ses genoux, nous ont donné l’occasion de découvrir ces montagnes bénies pour la marche…

La cure durait 3 semaines, et, pendant que le persévérant patient subissait massages, applications de boue, jets et bains en tous genres… quelques vadrouilleuses se sont relayées pour m’accompagner en rando. Pas plus de 2 à la fois car le gîte n’était pas bien grand.

Dés le lendemain de notre arrivée nous partons avec Josette, sur le Chemin des Cascades.

C’est un bon début qui permet aux habituées des Alpes du Sud que nous sommes de saisir une particularité des Pyrénées : ici, c’est le règne de l’eau. Je ne parle pas de la pluie - car contrairement à certaines prévisions pessimistes, nous en avons eu très peu, durant ce séjour - mais l’eau qui court, qui jaillit, qui surgit de partout en chutes et en torrents……l’eau qui galope furieusement d’un lac à l’autre, éclaboussante et tonitruante. 

Cette première balade nous fait passer devant 7 cascades plus ou moins sonores, plus ou moins violentes mais toujours captivantes car la vigueur et la frénésie de l’eau enchantent et retiennent le regard… on est loin des gentilles petites cascades de La Pisse ou du Voile de Mariée ;)

Insolite au milieu de ce gave furieux : l’île Sarah Bernhardt - l’une des nombreuses célébrités qui sont passées à Cauterets - malgré son accès difficile, la tragédienne y est-elle allée déclamer une tirade ?

Le sentier aboutit au Pont d’Espagne, sublime lieu historique … Il a été le théâtre d’affrontements entre bergers Bigourdans et Aragonais, jusqu’en 1862, quand, par arrêté impérial, Napoléon et la reine Isabelle II d’Espagne, définirent le tracé de la frontière entre les 2 pays. Le Pont devint alors un lieu de passage extrêmement fréquenté car cette vallée était un couloir d’échange entre les populations montagnardes.

Aujourd’hui on y rencontre des touristes et des randonneurs. Une heureuse initiative de 1993 en interdit l’accès aux voitures, ce qui permet de profiter, dans une relative tranquillité, de ce lieu admirable où nous avons évoqué Caspar Friedrich…

Mais le Pont d’Espagne n’est qu’à 1496m d’altitude, alors que Cauterets est cerné de hauts sommets, dont le Vignemale 3300m, point culminant des Pyrénées françaises…

Désireuses de prendre de l’altitude, nous volons en télécabines vers les cimes de la station des Lys, la tête dans les nuages, nous suivons un chemin de crêtes et pique-niquons sur les pâturages du col d’Hiléou à 2240m.

Le 3^ème jour, un chemin muletier - en admirable et patient travail des anciens - qui monte régulièrement, en forêt d’abord, puis dans les prés nous mène en 21 lacets au plateau du Lisey (1620m) où, paraît- il, on croise parfois l’ami l’ours. Heureusement nous n’y avons rencontré que de paisibles brebis et quelques vaches.

Le mardi soir, Suzelle nous rejoint. Sans la laisser se reposer de ses 6h de route et des agapes pour l’anniversaire de mariage de sa sœur à Névache, nous l’entraînons dés le lendemain sur le chemin du lac d’Hiléou que nous avions contemplé depuis le col du même nom… La montée en plein cagnard est un peu éprouvante, mais à l’arrivée, on apprécie le repos au bord de ce lac paisible et à près de 2000m, c’est déjà la haute montagne.

Descente par le GR plus rapide et abrupte que la piste monotone du matin, on y croise encore des vaches, à ne pas confondre avec les rochers.

Dernière balade avec Josette : le lac de Gaube. Du Pont d’Espagne, un sentier rocailleux longe le gave et atteint en une heure ce beau lac célébré par Baudelaire - autre célèbre visiteur de Cauterets : « On dirait que le ciel, en cette solitude, se contemple dans l’onde et que les monts là-bas, écoutent, recueillis dans leur grave attitude, un mystère divin que l’homme n’entend pas. » (Baudelaire, lac de Gaube, 1838).

Sans être aussi  lyriques, nous fredonnons la chanson fétiche d’Yves, grand amoureux des Pyrénées : « Montagnes Pyrénéeeu, vous êtes mes amours… » Tout en longeant la rive gauche du lac vers le refuge des Oulettes et le Vignemale.

Mais ce sentier rocailleux finit par avoir raison de nos forces, d’autant plus que le ciel devient menaçant… quand nous recevons quelques gouttes de pluie nous nous arrêtons pour un pique-nique rapide en cherchant un abri improbable sous un rocher. La pluie s’arrête et nous redescendons dans ce chaos de pierres… le refuge des Oullettes ce sera pour plus tard, mais sans mes copines.

La 1ére semaine se termine, Josette nous quitte en car, en effet, la voie ferrée n’atteint plus Cauterets et s’arrête à Lourdes. La jolie gare style Far West n’est plus que routière.

Nous nous offrons un journée de repos : un petit tour sur la « Voie Verte » qui a remplacé l’ancienne voie ferrée; puis une après-midi aux « Thermes ludiques » les bien nommés : jacuzzis, bains bouillonnants, hammam, douches tropicales, nous remettent en forme en détendant nos jambes et notre dos. Nous attendons Janine dans la soirée pour une nouvelle semaine de marche.

(à suivre)

AMK

Comments

[GVadrouilles]

Merci à toi, Marie-Christine, c'est toujours agréable de recevoir un commentaire et de voir que le blog est lu avec attention et intérêt par certains vadrouilleurs. J'espère que l'an prochain, si nous renouvelons ce séjour, tu te joindras à nous.

[Marie-Christine]

Merci d'avoir cité Baudelaire !

En contemplant ces paysages pyrénéens, je me sens une de ces nostalgies ! .