Alain dans les îles indonésiennes.
Imaginez un bateau de pirates dans les mers du Sud, mais tout blanc. C’est le Mega Buana, « lombo » (caboteur) traditionnel des Célèbes, 30m de bois, avançant au moteur, aidé par deux voiles quand les vents sont au portant.
Il croise au large de l’île de Florès (province de Nusa Tengarra, Indonésia), par 8° de latitude sud et 119° de longitude est (117° le lendemain….).
A son bord, 8 passagers touristes, prisonniers volontaires et 8 hommes d’équipage, pas vraiment méchants ; le capitaine, Moubdar, n’a pas de crochet !
La vie s’écoule lentement à bord, mais très dure, jugez-en :
Deux activités épuisantes nous occupent. D’abord, le « snorkelling », anglicisme barbare qui veut dire qu’on nage en observant les fonds avec masque, tuba et palmes. Merveille ! Des centaines de sortes de poissons multicolores et bizarroïdes (poissons perroquets, poissons papillons, poissons serpents……). Ils se glissent entre les massifs de coraux multiformes, somptueux, ou s’endorment sur le sable.
Quand on remonte à bord, un jus frais de mangue fraiche nous attend, puis un excellent déjeuner tropical (connaissez-vous les dragons rouges ?).
Après la sieste (35°C…..), on va à terre pour marcher dans les vertes rizières, vers des cascades revigorantes ou des villages traditionnels, d’ethnies un peu perdues.
L’organisation spatiale est clanique, truffée de symboles représentant femmes (petites maisons) et hommes (grands parapluies), Lévi-Strauss se serait régalé. Parfois on y dort, dans les maisons de bois et chaumes de riz, belles et curieuses, sans eau ni électricité bien sûr.
Ou alors, on remonte en pirogue l’estuaire de la baie de Térang, bordé de mangrove (« les palétutu, les palétuviers ») inhospitalière mais si nécessaire sous les tropiques.
Et aussi, des villages de pêcheurs, de constructeurs de navire tout en bois et d’enfants à l’école apprenant l’anglais…..
Le lendemain, après une belle navigation, on recommence. Mais cette fois, on va visiter les « dragons » de Komodo, pas commodes, ou nager avec les raies-mantas, majestueuses avec leurs 3m d’envergure et leurs centaines de kilos. C’est très émouvant de surplomber ces énormes bêtes qui battent lentement des nageoires (mais avancent très vite !) surtout quand elles remontent vers vous, brrrr…..
Ou, une autre fois, ce sont des tortues géantes qu’on suit plus longtemps entre deux eaux, puis c’est un barbecue de poissons du jour, le soir, sur une plage de sable rose. Oui, rose.
Des volcans, il y en a partout. Le Kelimutu d’abord, avec ses trois lacs de cratère contigus aux trois couleurs différentes. Puis l’Ineiri aux dessus des Ngada. Le Saendang, une montagne dans la mer, qui a chassé tous les habitants de ses pentes fertiles l’an dernier et enfin, le plus grandiose, le Rinjani, à Lombok, qui, entré en rejet de fumées et cendres, nous a obligés à rentrer avec 24h de retard pour cause de décollage à risques.
Voilà, c’était fini. Ouf, l’équipage nous a libérés, non sans avoir préparé un dernier festin d’adieu. Nous allions retrouver la station de Sanur à Bali et sa société d’hyper-consommation touristique de masse.
Alain.