Entre les Igues et les Cloups… les aoutats !
Un titre énigmatique qui risque de déconcerter ceux qui n‘ont pas participé à ce 11ème séjour de Toussaint – nous avions commencé en 2006 … C’est dans le parc naturel du Quercy que nous sommes allés traîner nos godillots cette année, à Sénaillac-Lauzès, un joli village du Lot, mais l’adjectif est superflu : y a-t-il un village qui ne soit pas joli dans le Lot ?
Tout y est harmonieux, charmant : murs de pierres, forme des toits, fenêtres à meneaux ; tout y respire le calme et la « force tranquille » prisée par le président Mitterrand… un certain ennui aussi, il faut bien le dire.
Par contre, nous avions élu domicile dans un gîte pas spécialement joli … la seule maison banale et sans grâce de toute la région, semble-t-il, mais confortable et fonctionnelle. Et nous y avons passé un très bon séjour.
À tel point que tous les matins certains rendaient grâce au ciel d’être encore assez fringants pour profiter de ces belles journées et de ce beau pays, avant de s’élancer gaillardement sur les sentiers, dans l’éblouissante lumière de ce début d’automne…
Il n’y eut pas deux groupes de marcheurs, mais un seul à géométrie variable, jusqu’au dernier jour où nous avons tous marché ensemble, sauf un évidemment…
Et ces balades nous ont permis d’enrichir nos connaissances, déjà grandes pour certains, en géologie : des termes mystérieux demandaient des éclaircissements… Qu’est-ce qu’un cloup ? une igue ? une lavogne ? un lac était indiqué sur le circuit et nous le cherchions alors que nous avions le nez dessus.
L'Igue, dans la région du Quercy "est une cavité naturelle née du ruisellement des eaux ou de l'effondrementdu sol" dit Wikipedia. Nous en avons vu une très profonde à proximit d'un antique mur de pierres sèches.
Le cloup est le terme typiquement querynois de la doline (encore wiki), c’est, comme chacun sait, une cuvette argileuse dont le fond est souvent fertile.
Enfin les fameux « lac » est, en Quercy toujours, une lavogne, à savoir, une sorte de bassin dans la roche compacte « creusée il y a fort longtemps par les habitants des Causses du Quercy pour recueillir l’eau de pluie. Dans une région où l’eau de surface et les rivières sont rares, ces “lacs” étaient indispensables à la vie du bétail et des hommes. Ils sont aujourd’hui encore essentiels pour la vie sauvage ».
Les paysages caussenards datent du XIXe siècle « quand les Causses du Quercy ont connu leur apogée démographique et économique, dominée par une tradition de pastoralisme, de cultures des céréales et de la vigne » : le maillage des terres par des murets en pierres sèches est très caractéristique et donne son charme à ce paysage un peu monotone par ailleurs.
Ce qu’il reste de cette époque ce sont les brebis, les fameuses brebis à lunette dont le lait donne de si bons fromages et des agneaux dont la chair est savoureuse.
Et puis l’architecture rurale : cazelles (sortes de bories), calvaires… dolmens (que nous n’avons pas trouvés.)
Nous avons arpenté les pelouses “sèches” - caractéristiques des paysages caussenards, dont la roche calcaire fissurée ne retient pas l’eau, ce qui accentue les conséquences de la sécheresse estivale et favorise une végétation adaptée à l’aridité du causse -
… et les forêts aux belles couleurs automnales.
Au retour de ces escapades, dans notre gîte confortable, d’aucuns se livraient à leur distraction favorite, tandis que d’autres s’activaient à la préparation du dîner, mais tous se grattaient à qui mieux mieux… et se découvraient chaque jour de nouvelles piqures, de nouveaux boutons…
…tous sauf Gilles qui ne s’était pas vautré dans les guérets…mais était allé, par exemple, à Cahors admirer le pont Valentré.
L’an dernier nous avions accusé les lits des gîtes d’être des puciers… mais cette année il a fallu se rendre à l’évidence, les lits n’étaient pas en cause. Les coupables étaient de petites bêtes qui évoquent la chaleur de l'été : les aoutats… qui profitaient des poses pour se jeter sur nous.
Ce désagrément ne nous a pas empêchés de continuer à explorer la région. Celles qui étaient passées par là, voilà quelques années sur le chemin de St Jacques, nous ont entrainés pour une balade nostalgique sur les bords du Célé, un affluent du Lot.
Enfin nous avons poursuivi notre découverte des grottes préhistorique, commencée en 2014 à Lascaux, avec celle de Pech Merle. Un lieu authentique et non une copie. Les premières gravures, remontant à – 23000, font penser qu’elle est bien plus ancienne que Lascaux.
Notre séjour s’est terminé par une journée ensoleillée et une randonnée commune à travers un paysage « façonné » par la brebis ».
Car après quelques déboires : douleurs, fatigue, tout le monde avait retrouvé la forme…
Peut-être, en partie, grâce aux séances de gym matinale dirigées et surveillées par Alain … eh oui ! vous l'aviez compris, la prière au début du message, c’était une blague de mauvais goût.
AMK avec des photos de Suzelle, Odile, Marie-Claude et Gilles.