Une île.
Quand on débarque à Lifou, Drehu en langue locale, après un vol de 40 mn, on tombe dans un autre monde : après la relative agitation de la Grande Terre, de Nouméa surtout, ici c’est le grand calme.
Sur cette île corallienne de 1200 km2 vivent9 275 habitants environ - dont 96% de Kanaks - autant dire qu’on ne s’écrase pas… même au marché de Wé, la capitale, où, 2 fois par semaine on trouve une certaine animation. C’est un lieu de rencontre très sympa ; comme les femmes kanakes, Emmanuelle porte une « robe mission », vêtement imposé aux mélanésiennes par les missionaires chrétiens du 19ème siècle à la place des tenues traditionnelles impudiques à leurs yeux. Son port est désormais revendiqué et fait office de costume local.
Quant aux plages, celles des Seychelles ou de Bora-Bora peuvent aller se rhabiller : aucune ne pourra proposer, en plus de la finesse du sable blanc et la transparence de l’eau, la tranquillité que celles de Lifou.
À Chateaubriand, la plage de Wé, la plus fréquentée, à peine croise-t-on quelques gamins frondeurs faisant l’école buissonnière ou un grand-père surveillant ses petits enfants en lisant le journal.
Pas la moindre baraque à sandwichs, pas un seul marchand de glace…il faut dire que c’est l’hiver ici et que les habitants trouvent que l’eau est fraiche et le temps peu propice à la baignade.
J’ai pourtant passé beaucoup de temps avec masque et tuba pour observer les beaux fonds coralliens peuplés de poissons multicolores comme ceux que j’avais admirés à l’aquarium de Nouméa.
Nous avons fait quelques pique-niques sur ces plages de rêve, à l’ombre des filaos ou des cocotiers, mais attention, pas en dessous !
Et tandis que les adultes marchent sur la plage, les pieds dans l’eau, les enfants découvrent un merveilleux terrain de jeu et partent en pirogue pour des voyages fantastiques.
L’autre particularité géologique de Lifou ce sont les falaises de corail, comme celle qui surplombe la maison d’Emmanuelle et son jardin.
L’île est un ancien atoll progressivement surélevé au cours des âges. Le centre est un plateau couvert de forêts et entouré d’une couronne de falaises qui va jusqu’à la mer ou se termine par un platier.
Avec ma nièce Pauline et sa famille, nous faisons une rando à travers cette forêt pour rejoindre une plage bien abritée par la falai
On profite ensuite de la mer pour la baignade et la pêche.
Ici, pas de nickel comme sur la Grande Terre, l’agriculture est la principale ressource : vanille, bananes (Emmanuelle entretient énergiquement ses bananiers), tarots, ignames, tous les fruits et légumes sont cultivés sur cette terre fertile, dans les jardins au milieu de le forêt.
Toutes ces richesses nous les apprécions à la Fête de la vanille et du miel: deux productions, relativement récentes, dont les habitants de Lifou sont très fiers
Elle est animée par le Grand Chef du Wetr (prononcer wètch), la tribu qui l’organise.
Le tressage est une activité traditionnelle dans toute la Calédonie, les femmes se transmettent cet art de mère en fille. Leurs productions servent à maints usages comme ces panneaux qui protègent les stands du vent et du soleil…
La danse aussi est pratiquée dans tout le pays, à Lifou, une troupe de théâtre de l'île, le Wetr, en exercice depuis 1992, sous l'autorité du, Grand Chef du Wetr, a mis en place divers spectacles de grande qualité, et des initiations pour la jeunesse, nous assistons à un très beau spectacle donné par une troupe de jeunes. On peut voir ces danses sur you tube en tapant « Danse Kanak du Wetr »
Lifou est une aire coutumière divisée en 3 districts ou chefferies, les Kanaks sont propriétaires de leur terrain, il peuvent le diviser pour en donner des parcelles à leurs enfants mais n’ont pas le droit de vendre la terre.
Bien que la vie matérielle ait connu de grandes avancées, comme en témoigne l’évolution de l’habitat, Lifou reste un havre de quiétude ou règnent la sécurité, la convivialité et l’humour.
Je terminerai sur l’avenir de Lifou : les enfants, dont une fillette, si mignonne dans sa robe mission, et un adorable blondinet, une exception ici…
Avant de reprendre l’avion pour la « métropole » nous passons 2 jours à Nouméa où nous reçoivent Éliane et Alex.
Une dernière virée vers le sud, à Prony, encore une histoire de bagne où sont venus échouer de pauvres diables au 19ème !
AMK